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Syrie : Qui sont les responsables ?

  • 20 avril 2016

Les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France, après avoir raté les différents printemps arabes qui sont en train de tourner en hivers islamistes, ont voulu se rattraper sur une proie plus facile. Ils ont choisi la Syrie en pensant que son gouvernement semi dictatorial serait simple à renverser.

Le régime syrien n’est certes pas un parangon de démocratie mais il n’est ni plus ni moins dictatorial que bien des autres régimes de la région. Dans l’échelle d’intolérance vis-à-vis des minorités il est même plutôt mieux placé que la plupart des monarchies du Golfe. La Syrie est un pays multi-ethnique et multiculturel dont il est très difficile de maintenir l’unité sans une poigne de fer. Comme beaucoup de pays de la région il est ingérable par de bonnes paroles. Malgré ses défauts, le régime syrien est accepté par une grande majorité de la population plus préoccupée de sécurité et de paix que des droits de l’homme.

Le but originel affiché par les coalisés occidentaux a été d’instaurer une démocratie en voulant organiser des élections libres, ce qui bien sûr est une pure utopie. La manœuvre a été initiée par la CIA qui a cru un moment pouvoir renverser Assad sans heurts. Mais au bout de quelques semaines tout a dégénéré en affrontement armé, issue à vrai dire assez évidente pour tous les observateurs objectifs de la région.

L’Armée Syrienne Libre (ASL), créée de toute pièce par les occidentaux, n’a pas fait illusion très longtemps, malgré le soutien financier massif dont elle a fait l’objet et malgré la formation militaire dispensée. Très vite, une bonne partie des quelque 15 000 combattants a rejoint Al Nosra, la branche locale d’Al Qaida.

Acculé par les manœuvres des coalisés, Assad a alors appliqué le bon vieux précepte local selon lequel l’ennemi de mon ennemi est mon ami. Il a ainsi libéré les combattants islamistes adversaires d’Al Nostra qui ont progressivement convergé vers ce qui est maintenant devenu l’Etat Islamique (EI). La constitution de ce dernier en un califat djihadiste a embrasé toute la région. Il faut noter que ce sont pour l’essentiel des mouvances sunnites qui se combattent, chacune disposant de ses appuis dans les monarchies du Golfe. Même l’armée d’Assad, composée d’environ 280 000 hommes et de 200 000 réservistes est à majorité sunnite. Ce ne sont en effet pas les minorités alaouites et chrétiennes, représentant respectivement 12% et 10% de la population, qui auraient pu seules entretenir la guerre depuis 2011.

La France et les occidentaux ont voulu soutenir les milices proches d’Al Qaida contre le gouvernement d’Assad tout en sachant bien que, dans le cas d’une hypothétique victoire, ces milices fanatisées auraient terminé la guerre dans un bain de sang en massacrant les minorités chrétiennes et alaouites. L’Armée Syrienne Libre n’est qu’un poids plume face à Al Nosra et aux dizaines de groupuscules terroristes plus ou moins autonomes qui se sont créés. Le but clairement affiché par ces groupes islamistes radicaux est d’éliminer les infidèles, représentés par les alaouites, les chrétiens et les chiites. Et bien évidemment, la diplomatie française ne dit pas un mot de tout cela.

Heureusement Assad est toujours là et le massacre annoncé n’a pas (encore) eu lieu.

En France, le massacre potentiel des chrétiens de Syrie ne semble gêner personne. La politique politicienne est à l’œuvre. La droite est bien silencieuse car Juppé a toujours été sur la même ligne que Fabius. Hollande ne veut pas perdre la face après tous ses beaux discours sur la nécessité de se débarrasser du bourreau Assad. Il a été piégé par Fabius et le lobby pro-israélien et il ne veut pas se déjuger et avouer sa naïveté. Il a été abandonné en rase campagne par Obama mais, comme c’est un mou, il n’ose protester ou changer de politique. Il est par ailleurs attisé par l’ultragauche qui ne peut supporter Assad et refuse toute mesure forte contre les islamistes car l’islam est censé être la religion des opprimés.

Seul François Fillon a fait preuve de courage. Depuis le début du conflit, il ne cesse de répéter que la France doit coopérer avec la Russie seule capable de rétablir un semblant de dialogue avec Assad. Mais jusqu’à présent, il prêche dans le vide. Heureusement, il a été récemment rejoint par quelques députés qui ont eu l’audace d’aller à Damas et de discuter avec Assad.

La France des droits de l’homme a beaucoup de questions à se poser sur sa politique syrienne.

A l’origine du conflit et alors que l’Etat Islamique se constituait, pourquoi la France et les occidentaux se sont-ils contentés de quelques maigres frappes ciblées ? Pourquoi avoir laissé les colonnes de l’EI prendre Mossoul, Raqqa, Palmyre grâce au matériel américain pris à l’armée irakienne en débandade ?

Parmi les 280 000 syriens tués jusqu’à présent dans ce conflit, combien l’ont été par des armes fournies par la France à l’ASL et tombées ensuite entre les mains d’Al Nosra ou de l’Etat Islamique ?

Parmi les réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe, combien ont été jetés hors de chez eux par notre faute ?

Enfin, pourquoi a-t-on laissé Erdogan renforcer plus ou moins ouvertement l’Etat Islamique en acceptant notamment que transite sur son territoire le pétrole de l’EI et en accueillant les soldats blessés ? Pourquoi avoir laissé Erdogan empêcher les kurdes de défendre efficacement Kobané ?

Quand on pense que le secrétaire d’état américain John Kerry a mis sur le même pied les terroristes de l’Etat Islamique et les kurdes qui se battent pour leur liberté, on mesure l’ampleur de la déroute morale de l’occident.

Notre seule solution est maintenant d’inonder Erdogan de milliards d’euros pour qu’il accepte d’endiguer le flot de réfugiés que nos armes ont généré…

Radovan Karadzic vient d’être condamné par le tribunal International non pour son implication directe dans les massacres de Bosnie mais parce qu’il les avait couverts. En Syrie, l’ampleur des massacres est dix fois supérieure. La France, en suivant la diplomatie absurde de Fabius, ne se sent elle pas responsable ?

 

CLUB DANTON

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  1. Bonsoir ; Migrants ou déserteurs ??? , facile de se dire réfugiés , s’en aller au lieu de défendre son pays …ils ont bien de quoi payer les passeurs … pourquoi ils n’achètent pas des armes pour défendre leur pays … Nous pendant la 2e guerre mondiale des Français sont entrés en résistance …certains y ont laissé leur vie pour leur pays , ils ne se sont pas noyés … MEDITONS …

  2. Je partage l’analyse de Danton du désastre syrien. Parmi Les Républicains, c’est François Fillon qui est probablement le plus lucide dans ses analyses et son souhait de rétablir la coopération avec la Russie qui est de mon point de vue la voie la plus raisonnable pour aboutir une solution. Bien entendu F.Fillon n’est pas le seul dans son camp mais ils n’y sont pas nombreux… Ce qui est malheureux c’est de constater objectivement l’évolution de la position de la France qui a historiquement (depuis François 1er) cherché à protéger les chrétiens d’orient (et plus largement les minorités dans cette région) et qui, de fait présentement, n’est plus en phase avec sa position historique… Par ailleurs, du côté des USA et à court terme, la situation n’est susceptible de changer que si D.Trump gagne les élections (car lui, au moins, il a annoncé qu’il pourrait chercher une solution en coopération avec V.Poutine). Si c’est Madame Clinton qui va gagner, alors la situation risque d’évoluer plus dans le sens d’un conflit militaire avec la Russie…

  3. Voilà !!! vous êtes en train d’expliquer que les Politiques sont assez malins pour se positionner selon l’air du temps et casser la croûte confortablement …
    Attendons donc quelle sera la grande puissance émergente et on verra nos >Politiques ”adapter’ très vite leurs ”idées ” en fonction de la gamelle qu’il vont choisir…la plus grosse bien sûr !!!
    Quant à la Politique extérieure de la France ,soyons sérieux tous les dirigeants agissent en Vassaux de la Grande Puissance qui donne les directives ,c’est quand même bien connu !!!

  4. La France quand elle fait de la politique extérieure depuis des lustres fait n’importe quoi, il est loin le temps ou la France était respectée et écoutée. Ce Fabius, dans la nullité mérite le ponpon. Sarko, Hollande sont de beaucoup responsables de ces conflits au Proche Orient.
    Quant à Fillon, il est vrai qu’il a eu le courage de dénoncer les massacres des Chrétiens d’orient mais en ce qui concerne le reste ” Debout la France ” et le ” F.N ” ont prôné depuis le début, le rapprochement avec Poutine, Fillon mérite bien d’être écoute, mais d’autres sont beaucoup plus réalistes que lui, et ne se plieront pas aux magouilles Américano-Israéliens , de plus ils n’ont pas un passé politique désastreux..!

  5. François Fillon courageux, on aura tout vu et tout lu.
    çà serait à croire qu’il est le seul en France à prôner le rapprochement avec les Russes alors qu’il y en a bien d’autres, à commencer par DEBOUT LA FRANCE et Nicolas Dupont-Aignan.
    François Fillon, c’est le contraire du courage; en revanche, il n’est pas complètement idiot.
    Il a très bien compris que pour bien se positionner dans la primaire LR, il convenait de marquer sa différence avec les plus cotés des autres candidats. Mais d’autres moins cotés dans les sondages tels que Jacques Myard (pourtant pas un foudre de courage…) et, je crois Jean-Frédéric Poisson (qui sait assez bien mener sa barque…) ont la même position.
    Mais quant au courage… où est il passé le François Fillon qui avait voté NON à Maastricht?!
    Qu’est il devenu le François Fillon qui parlait d’abroger la Loi Taubira?!

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