« La Vérité, l'âpre Vérité »

Pourquoi Mao aujourd’hui

  • 30 septembre 2016

L’étranger qui se promène en Chine est surpris de voir les portraits géants de Mao sur les bâtiments officiels, des statuts de lui dans les rues et même ses photos dans des maisons de particuliers.

Rappelons qu’à une période où la Chine comprenait 600 millions d’habitants, il a été le plus grand meurtrier de l’histoire avec à son « actif » de 55 à 65 millions de morts selon les sources. Et pourtant aujourd’hui il est peu critiqué par le peuple et même les intellectuels chinois font preuve d’une grande mesure à son égard.

Pour comprendre, il faut reprendre l’histoire de la Chine maoïste.

Avant toutes choses, rappelons que comme en Russie il n’y a pas vraiment eu de révolution prolétarienne en Chine. La prise de pouvoir a été faite par un petit groupe d’hommes déterminés conduits par un leader sans scrupules. Qu’il s’agisse de la Chine, de la Russie, du Cambodge, de Cuba et de biens d’autres pays, le communisme ne s’est jamais installé au pouvoir par la levée en masse d’un peuple qui se révolte pour renverser un tyran. En Russie, la révolution de Février 1917 est certes partie du peuple mais elle a échoué et a été confisquée en Octobre 1917 par les bolcheviks, un groupe de bourgeois emmenés par Lénine. La méthode des premiers leaders communistes est toujours la même : élimination brutale et systématique des opposants, y compris parmi les révolutionnaires, puis mise en place d’un régime totalitaire opprimant la masse du peuple par la police politique et l’armée. Cette méthode fut bien sûr appliquée par Mao.

Dès le début de la guérilla contre Tchang Kai-Chek, Mao a fait fusiller les officiers et les intellectuels ralliés à sa cause mais considérés comme des rivaux potentiels. Ils les accusent d’être des bourgeois, en oubliant que lui-même et tous ses proches conseillers sont aussi d’extraction bourgeoise. Lors des batailles contre les nationalistes, chaque victoire de Mao apportait son lot de prisonniers qui voulaient se rallier à sa cause. La condition fixée par Mao pour les enrôler était qu’ils tuent un autre prisonnier pour prouver leur détermination. Méthode efficace s’il en est et qui réduisit grandement le nombre de défections dans les rangs de Mao.

Après sa prise du pouvoir, Mao a divisé la société paysanne, qui constituait la grande majorité de la population chinoise, en cinq classes selon la richesse supposée de chacun :

  • Propriétaires fonciers,
  • Paysans riches,
  • Paysans modérément riches,
  • Paysans plutôt pauvres,
  • Paysans pauvres.

Mao a alors organisé le massacre des trois premières catégories par les deux dernières, les plus nombreuses bien sûr. Il y eut au total plus de 5 millions de morts. Chaque paysan pauvre devait participer à la chasse et à l’exécution et la peur d’être exécuté ralliait même les plus récalcitrants.

Puis vint le Grand Bond en avant dont le but était d’industrialiser la Chine et qui a consisté pour l’essentiel à exporter des céréales et de la nourriture pour pouvoir acheter du matériel aux pays capitalistes. Cette politique a provoqué une famine terrible et a causé la mort de près de 45 millions de Chinois. Pour empêcher les affamés de venir piller les villes voisines, Mao a fait boucler par l’armée des provinces entières. Le cannibalisme est alors devenu pratique courante et s’est développé dans une proportion jamais vue jusqu’alors. La honte des survivants a détruit l’harmonie et l’estime de soi dans la plupart des familles paysannes.

Enfin, sentant le pouvoir lui échapper, Mao décide en 1966 de lancer la Révolution Culturelle, qui n’avait de culturelle que le nom car il s’agissait surtout d’humilier puis de massacrer les notables et les intellectuels. Plus de deux millions de personnes ont été exécutées. Comme dans les premières années du règne de Mao, chacun devait participer aux massacres. Dans certaines régions les exécutés étaient débités en morceaux et les dirigeants du parti recevaient les testicules. Il y a en effet une vieille croyance en Chine qui veut que manger les testicules, le pénis ou le cerveau d’un homme permet de lui prendre sa puissance sexuelle. Les autres morceaux étaient distribués à la population qui devait les manger et devait également boire le sang. Plus de 10 000 cas de cannibalisme auraient été recensés alors.

Ces deux millions d’exécutés et ces cas de cannibalisme ont lié à jamais la société chinoise. De très nombreuses familles actuelles ont des parents ou des ancêtres qui ont été impliqués – souvent contre leur gré – dans ces massacres. En parler est un sujet tabou, surtout vis-à-vis des étrangers.

En faisant du peuple chinois le complice forcé de ses massacres, Mao s’est assuré une postérité tranquille. Personne ne souhaite ouvrir la boîte de Pandore des exactions passées.

CLUB DANTON

Déjà 3 commentaires, laissez un commentaire

3 commentaires actuellement

  1. En 2004, le cannibalisme était encore recensé dans des villages éloignés en montagnes.

  2. En somme un peu la même chape de plomb que sur les horreurs de la Révolution française…

  3. le + grand prèdateur c’est l’homme ??

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