« La Vérité, l'âpre Vérité »

GasLand : un mythe s’écroule

  • 8 avril 2011

 

 

La décision de HBO de diffuser le documentaire GasLand dans tout le pays à la fin du mois est un sésame pour Josh Fox, cinéaste et réalisateur d’avant-garde dont les précédents travaux ont été reconnus par le « Fringe Festival » de la ville de New York. Avec cette diffusion, il va se faire connaître du grand public et faire une entrée qui risque de ne pas passer inaperçue compte tenu du fait que son film est susceptible d’être vu par une partie des 30 millions d’abonnés américains du réseau.

Mais avec des audiences plus fortes et un battage plus important, Fox est attendu au tournant. La précision, l’attention portée aux détails et l’originalité de l’angle informationnel sont quelques-unes des figures imposées. Malheureusement, dans le cas de ce film, la précision est souvent mise de côté au profit de la simplicité ; les preuves sont souvent sacrifiées sur l’autel de l’exagération et les sempiternels personnages et anecdotes – déjà décriés – ont simplement été repris des précédentes versions du film et ont trouvé dans celui-ci un nouvel espace d’expression.

 

« Je suis désolé », a déclaré un jour Josh Fox à un magazine new-yorkais, « mais l’art est plus important que la politique. […] Les hommes politiques nous mentent et, pour faire simple, l’art traite des contradictions ». Et c’est le cas avec GasLand : les hommes politiques sont présentés sous leur plus mauvais jour, l’art s’exprime dans sa forme la plus artificielle et les contradictions factuelles pleuvent. Dans un tel contexte, nous allons essayer d’identifier et de corriger certaines des inexactitudes les plus flagrantes sur lesquelles se base le film (toutes les citations sont de Josh Fox, sauf indication contraire ) :

 

 

Une législation citée à mauvais escient

 

(6:05) « J’ignorais que le projet de loi sur l’énergie de 2005 que Dick Cheney avait fait voter au Congrès dispense les industries du pétrole et du gaz naturel de se conformer à loi sur la qualité de l’eau, à celle sur la qualité de l’air, à celle sur le fonds spécial pour l’environnement et à environ une douzaine d’autres réglementations environnementales et démocratiques ».

 

Cette assertion est fausse en tous points. L’industrie du pétrole et du gaz naturel est soumise à chacune de ces lois – et se conforme à chacune des dispositions légales qui concernent spécifiquement ses opérations. Voir cette fiche de renseignements pour obtenir de plus amples explications à ce sujet.

 

Le processus de fracturation hydraulique auquel Fox semble se référer ici n’a jamais, au cours de ses 60 années d’existence, été réglementé dans le cadre de la loi sur la protection de l’eau potable (SDWA). Toutefois, il a été réglementé avec compétence et vigueur par les états qui ont enregistré un bilan impressionnant en termes d’action et de surveillance depuis les nombreuses décennies où ils sont engagés dans cette pratique.

 

Loin d’avoir « été fait[e] voter au Congrès » par Dick Cheney, la loi sur la politique énergétique de 2005 a remporté le soutien de près des trois quarts des sénateurs américains (74 votes « pour »), y compris celui de Ken Salazar, haut représentant démocrate officiant au Comité de l’énergie et actuel ministre de l’Intérieur, alors sénateur du Colorado, ainsi que celui d’un ancien jeune sénateur de l’Illinois dénommé Barack Obama. À la Chambre des représentants américains, 75 Démocrates se sont alliés aux 200 Républicains pour soutenir le projet de loi définitif, y compris les hauts représentants démocrates officiant au comité sur l’Énergie et le Commerce et au comité sur les Ressources.

 

(6:24) « Mais au moment où la loi sur l’énergie de 2005 a retiré toutes ces restrictions, des sociétés […] ont commencé à louer la technologie de Halliburton et à entamer la plus grande campagne nationale de forage de gaz de l’histoire. Les forages concernent aujourd’hui 34 états ».

 

Une fois encore, la fracturation hydraulique n’a jamais été réglementée dans le cadre de la SDWA – jamais pendant les 60 années d’existence de la technologie, jamais pendant les 36 années d’existence de la loi ou jamais pendant les 40 années d’existence de l’agence de protection de l’environnement (EPA). Compte tenu de cela, un flou entoure les « restrictions » spécifiques de la loi qui, d’après M. Fox, ont été « retiré[es] » par le projet de loi sur l’énergie de 2005. Tout ce que le projet de loi a cherché à faire a été de clarifier l’intention existante et établie du Congrès relativement à la portée de la SDWA.

 

L’intérêt pour le développement de ressources de gaz brûlant sans laisser de résidus à partir de formations de schiste a commencé à se manifester de manière évidente bien avant 2005. Le premier puits d’essai dans la formation schisteuse de Marcellus Shale en Pennsylvanie, par exemple, a été foré en 2004. Au Texas, le forage des premiers puits de la formation schisteuse Barnette Shale a démarré à la fin des années 90. Mais même avant que le gaz naturel issu du schiste soit considéré comme un modèle d’exploitation viable, les producteurs d’énergie ont compté pendant des décennies sur la fracturation hydraulique pour activer des millions de puits dans tout le pays. La technologie a été déployée pour la première fois en 1948.

 

L’assertion selon laquelle l’activité actuelle de développement énergétique représente la « plus grande campagne de forage […] de toute l’histoire » est également incorrecte. D’après l’EIA, il y avait plus de puits de gaz naturel exploités en 1982 qu’aujourd’hui. Et deux fois plus de puits de pétrole étaient forés à cette époque, si la comparaison est faite avec le nombre actuel de puits. De même, alors qu’il pourra (ou non) être avéré, d’un point de vue technique, que les activités de fracturation ont lieu dans 34 états, il est également vrai que 99,9 pour cent de toute l’activité pétrolière et gazière se déploie dans seulement 27 états américains (page 9, rapport du Conseil de protection des eaux souterraines).

 

(32:34) « L’Energy Task Force et les 100 millions de dollars versés par les industries dans le cadre d’un lobbying ont été décisifs pour ce qu’on appelle la ‘brèche de Halliburton’ relativement à la loi sur l’eau potable qui autorise exclusivement les foreurs de pétrole et de gaz à injecter des produits reconnus dangereux et non contrôlés directement à l’intérieur ou à proximité des réserves d’eau potable. Cette loi a été votée dans le cadre de la loi sur la politique énergétique de 2005 de l’administration Bush ».

 

Non content de simplement faire une mauvaise interprétation de la nature de la loi existante, ici Fox tente de faire croire que la loi permet effectivement aux producteurs d’énergie d’injecter des produits chimiques dangereux « directement à l’intérieur » des eaux souterraines. Il s’agit là d’un mensonge éhonté. Évidemment, si des actes si scandaleux se produisaient dans la réalité, on imagine très bien que nous n’aurions pas dû attendre cinq ans et l’intervention d’un « avant-gardiste » pour les révéler au grand jour.

 

Les formations souterraines qui subissent la stimulation de la fracture se trouvent à des milliers de mètres des formations qui transportent l’eau potable. Ces strates sont séparées par des millions de tonnes de roche imperméable et, dans certains cas, à plus de trois kilomètres de distance.

 

Une fois encore, décrire le projet de loi énergétique bipartite de 2005 comme un projet présentant une « brèche » pour la fracturation hydraulique implique de croire, que, avant 2005, la fracturation hydraulique était réglementée par l’EPA en vertu de la loi fédérale. Mais cette croyance est erronée. Et il en va de même pour la notion selon laquelle la loi de 2005 contient une « brèche » pour le pétrole et le gaz naturel. Conformément à ce qui est indiqué, la fracturation hydraulique a été réglementée avec compétence et vigueur par les états.

 

(1:32:34) « La loi de Diana DeGette et de Maurice Hinchey sur la fracturation [est] un texte législatif long d’un paragraphe qui retire simplement l’exemption pour la fracturation hydraulique dans le cadre de la loi sur l’eau potable ».

 

Ici, Fox fait référence à l’amendement de 2008 de la loi sur la fracturation, qui n’est pas la version légèrement plus longue (mais tout aussi préjudiciable) de la version du projet de loi de 2009. Contrairement à ce que ses auteurs suggèrent, la législation ne « restaure » pas la loi sur la protection de l’eau potable dans sa version de 2004. Elle appelle à une reformulation complète.

 

Voici le passage critique extrait de la loi sur la fracturation : « La section 1421(d)(1) de la loi sur la protection de l’eau potable est amendée par la suppression du sous-paragraphe (B) et l’insertion du paragraphe suivant : (B) inclut l’injection en sous-sol de fluides ou d’agents de soutènement dans le cadre des opérations de fracturation hydraulique liées aux activités de production pétrolière et gazière ».

 

Pourquoi faudrait-il « insérer » une nouvelle formulation dans un statut vieux de 36 ans si l’intention était simplement de la « restaurer » ?

 

(1:00:56) « Les polluants de la fracturation sont protégés par des exemptions… Si nous détenons ces informations sur les polluants de la fracturation, c’est uniquement grâce au travail de Theo Colborn… qui a consisté à fouiller des camions, à éplucher des fiches techniques sur la sécurité des substances et à rassembler des échantillons ».

 

Avec tout le respect dû à la grande activiste écologiste et ancienne membre du World Wildlife Fund qu’est Theo Colborn, personne n’a jamais eu à « fouiller des camions » pour accéder à des informations sur les matières utilisées dans le cadre du processus de fracturation.

 

Tout simplement parce qu’il existe effectivement une façon beaucoup plus simple d’obtenir ces informations : il suffit de naviguer sur ce site web hébergé par des organismes de réglementation en Pennsylvanie ou sur ce site des organismes de réglementation de New York (page 130 ; le téléchargement ne prendra que quelques minutes) ou encore sur celui de West Virginia ou celui exploité par le Conseil de protection des eaux souterraines et le ministère américain de l’Énergie (page 63) ainsi que sur le site web Energy in Depth.

 

(1:03:33) D. Colborn : « Une fois que le grand public aura connaissance de cette histoire et qu’il posera la question : « Pourquoi ne sommes-nous pas là-bas à surveiller ? ». Nous ne pouvons pas surveiller tant que nous ne savons pas ce qu’ils utilisent. Nous n’avons aucun moyen de surveiller. C’est impossible ».

 

D’après les organes de réglementation de l’environnement de Pennsylvanie, l’état d’origine de Josh Fox, « les sociétés de forage doivent divulguer le nom de tous les produits chimiques à stocker et à utiliser sur un site de forage […] Ces plans contiennent des copies des fiches techniques sur la sécurité des substances pour tous les produits chimiques […] Ces informations sont consignées auprès du DEP et sont mises à disposition des propriétaires fonciers, des gouvernements locaux et des services d’urgence ».

 

Les organismes de réglementation de l’environnement de l’état de New-York, état d’adoption de Fox, témoignent également du fait qu’ils ont facilement accès à ces informations. D’après la page d’information du Département new-yorkais de la préservation de l’environnement (DEC) : « L’[état] est en train d’évaluer la composition chimique de ces additifs et s’assurera que toutes les mesures de protection nécessaires et les meilleures pratiques sont respectées ».

 

D’après le Conseil de la protection des eaux souterraines (GWPC), « la plupart des additifs contenus dans les fluides de fracture y compris le chlorure de sodium, le chlorure de potassium et les acides dilués présentent des risques faibles à très faibles pour la santé humaine et l’environnement ». Parmi les membres du GWPC se trouvent des représentants de l’état en charge de l’environnement qui établissent et appliquent les réglementations sur la protection des eaux souterraines et l’injection des fluides en sous-sol.

 

 

Une mauvaise description du processus

 

(6:50) « [L’hydrofracturation consiste à] introduire de l’eau et des produits toxiques à 2 500 m sous terre. La fracturation elle-même équivaut à un mini-séisme […] Pour procéder à la fracturation, il faut un certain liquide – un mélange de plus de 596 produits chimiques ».

 

En ce qui concerne la composition des fluides généralement utilisés dans le processus de fracturation, plus de 99,5 pour cent du mélange se compose d’eau et de sable. Les autres matières utilisées pour permettre à l’eau de s’écouler dans le puits et à positionner le sable dans les minuscules fractures créées dans la formation, sont généralement des composants que l’on retrouve et que l’on utilise chez nous, à la maison. La matière la plus présente connue sous le nom de gomme de guar est un émulsifiant plus généralement utilisé dans les glaces.

 

D’après le rapport du ministère américain de l’Énergie / GWPC : « Bien que l’industrie de la fracturation hydraulique puisse se servir d’un certain nombre de composés susceptibles d’être utilisés dans un fluide de fracturation hydraulique, une seule opération de fracturation utiliserait uniquement quelques-uns des additifs disponibles [et non pas 596 !]. À titre d’exemple, dans [cette annexe], il y a 12 additifs utilisés couvrant l’éventail de fonctions possibles qui pourraient être incorporées à un fluide de fracturation ». (page 62)

 

Dans le documentaire, Fox présente sous forme de graphique le processus de fracturation comme un processus aboutissant à la disparition absolue de la formation de schiste. En réalité, l’épaisseur des fractures créés par l’opération et laissées ouvertes par l’introduction d’agents de soutènement comme le sable est généralement inférieure à un millimètre.

 

(50:05) « Chaque complétion de puits, à savoir la phase initiale de forage et la première opération de fracturation, requiert 1 550 trajets en camion ».

 

Suggérer que chaque complétion de puits en Amérique impose exactement le même nombre de trajets en camion est absurde. Comme on peut s’en douter, le nombre de trajets utiles pour approvisionner le site du puits avec les équipements et le personnel nécessaires variera (grandement) en fonction d’un certain nombre de facteurs.

 

En ce qui concerne la source d’information permettant à Fox de parler de « 1 150 trajets en camion », aucune source n’est donnée – même s’il semble qu’il aura pu tirer ces chiffres d’un calcul fait au dos d’une enveloppe et se basant sur un graphique présenté à la page 6-142 de ce document du DEC de New York. Comme cela est décrit sur cette page, le transport des approvisionnements d’eau propre et usée, vers et depuis le site du puits, représente 85 pour cent des déplacements extrapolés par Fox.

 

Ce qui ne figure pas dans ce graphique, c’est la croissance impressionnante de la quantité d’eau produite qui est actuellement recyclée dans la formation Marcellus – l’industrie de Pennsylvanie réutilisant et recyclant en moyenne plus de 60 pour cent de son eau, d’après la Marcellus Shale Coalition.

 

D’après le GWPC : « Le forage à l’air comprimé devient une alternative de plus en plus populaire au forage à base de fluides du fait des plus grandes économies générées par la réduction des coûts de boue et des durées de forage écourtées en conséquence du forage à l’air ». (page 55)

 

(51:12) « Avant d’être évacuée et éliminée ailleurs, l’eau doit être vidée dans une fosse – une fosse en terre, une fosse en argile, parfois gainée, mais une fosse dans tous les cas – où le plus gros retourne directement dans le sol ».

 

La grande majorité des états producteurs d’énergie – 27 au total, y compris ceux que Fox a parcourus pour le tournage de GasLand – ont des lois explicites sur les codes régissant le type de structures de confinement qui doivent être utilisées pour stocker temporairement l’eau refluée. Un certain nombre de producteurs aujourd’hui choisissent de stocker cette eau dans des citernes en acier, en éliminant tous les risques engendrés par le reflux de l’eau dans le milieu ambiant.

 

GWPC (mai 2009) « Dans 23 états, des puits d’un certain type ou sur un site particulier doivent avoir une gaine naturelle ou artificielle conçue pour prévenir le mouvement descendant des fluides de la fosse vers le sous-sol. […] De même, douze états ont expressément interdit ou  limité l’utilisation des fosses qui croisent la nappe phréatique ». (page 28-29)

 

GWPC (avril 2009) : « Les fosses de stockage de l’eau utilisées pour maintenir l’eau à des fins de fracturation hydraulique sont généralement gainées pour minimiser la perte d’eau causée par l’infiltration. […] Dans un contexte urbain, du fait des limitations spatiales, les citernes de stockage en acier pourront être utilisées ». (page 55)

 

 

Beaucoup de bruit pour rien

 

(53:36) « Les champs gaziers de Pinedale Anticline et de Jonah [Wyoming] se trouvent au milieu du couloir migratoire millénaire de l’antilope, du cerf hémione et du tétras des armoises. Et oui, chacune de ces espèces est menacée et voit sa population décliner de manière sensible depuis 2005 ».

 

Premier point : trois espèces d’antilope sont considérées « menacées » et aucune de ces trois espèces ne vit à proximité de Pinedale Anticline. Il s’agit de l’antilope de Sonora (Arizona), de l’antilope péninsulaire (Mexique) et de l’antilope mexicaine (Mexique). D’après le Great Plains Nature Center : « Le grand carnage de la fin des années 1800 a affecté les antilopes… Seules 12 000 antilopes avaient survécu en 1915. Actuellement, on en dénombre environ un million et les plus grandes concentrations sont observées dans les états du Wyoming et du Montana ».

 

Deuxième point : Seule une espèce du cerf hémione est jugée « menacée » : Le cerf hémione de l’Île Cedros vivant au Mexique (pas du tout à proximité du Wyoming). Les populations de cerf hémione sont tellement importantes dans l’état de Wyoming aujourd’hui que l’état a établi une saison de chasse du cerf hémione.

 

Troisième point : Le tétras des armoises ne figure pas actuellement sur la liste des espèces menacées, d’après l’U.S. Fish & Wildlife Service (FWS) – et des « populations robustes de l’oiseau existent actuellement dans tout l’état » du Wyoming, d’après l’agence. Il est intéressant de noter que le FWS a récemment publié un communiqué de presse identifiant le développement éolien comme une menace critique pour l’habitat du tétras des armoises.

 

Ceci étant dit, les producteurs de la région ont pris les devants pour alléger l’impact de leurs opérations et réduire le nombre de trajets en camion nécessaires pour entretenir les sites des puits. Dans le cadre de ce projet, les opérateurs ont commandé un ensemble d’études indépendantes examinant d’autres mesures susceptibles d’être prises pour préserver la vie sauvage d’Anticline.

 

(31:32) « En 2004, l’EPA a enquêté sur l’incident de l’eau contaminée par la fracturation hydraulique en Alabama. Mais des experts ont refusé l’enquête au motif que, malgré l’injection de produits toxiques dans le sous-sol, l’EPA n’avait pas besoin d’enquêter ».

 

Aucun rapport sur l’enquête décrite par Fox n’existe, tout comme l’EID remis au Dr. Dave Bolin, directeur adjoint du State Oil & Gas d’Alabama et responsable du pilotage des opérations de surveillance de la fracturation hydraulique dans cet état. Dans un courrier électronique, il a dit qu’il n’avait « aucun souvenir » de la réalisation d’une enquête.

 

Ceci étant dit, il est possible que Fox fasse référence à l’étude de l’EPA sur le puits McMillian situé dans l’état d’Alabama, laquelle étude s’est déroulée sur plusieurs années du début au milieu des années 90. En 1989, les organes de réglementation d’Alabama ont réalisé quatre tests distincts sur la qualité de l’eau du puits McMillian. Les résultats n’ont révélé aucun problème de qualité de l’eau. En 1990, l’EPA a réalisé ses propres tests sur la qualité de l’eau qui n’ont rien révélé.

 

Dans une lettre envoyée en 1995, Carol Browner, alors administratrice de l’EPA (actuellement, conseillère en chef du Président Obama sur les questions de politique énergétique et environnementale) a décrit l’implication de l’EPA dans le cas McMillian de la façon suivante : « Des essais répétés réalisés entre mai 1989 et mars 1993 dans le puits d’eau potable qui a fait l’objet de cette pétition [McMillian] n’ont décelé aucun produit chimique qui indiquerait la présence de fluides de fracturation. Le puits a également été échantillonné pour contrôler la qualité de l’eau potable ; et aucun composant dépassant les normes fixées pour l’eau potable n’a été détecté ».

 

Des informations sur ce qui s’est vraiment passé en Alabama à cette époque et sur la pertinence de ce cas pour le débat actuel sur la loi sur la protection de l’eau potable figurent dans la fiche de renseignements qui été présentée l’année dernière par la Coalbed Methane Association of Alabama et qui est disponible au téléchargement.

 

(1:28:06) « Quelques mois après cet entretien, le Département de protection environnementale de Pennsylvanie a subi les plus grandes coupes budgétaires de son histoire, avec 700 employés licenciés ou passés à temps partiel et une réduction de 25% de son budget total ».

 

Communiqué de presse du DEP publié le 28 janvier 2010 : « Le gouverneur Edward G. Rendell a annoncé aujourd’hui que l’état va renforcer ses capacités d’action. Sur directive du gouverneur, le Département de préservation de l’environnement commencera par embaucher 68 nouveaux membres du personnel qui seront chargés de vérifier que les sociétés de forage respectent les lois de l’état et agissent de manière responsable pour protéger les approvisionnements en eau. Le DEP renforcera également les règlementations sur le pétrole et le gaz afin d’améliorer les normes de construction des puits ».

 

 

L’art de recycler des informations déjà démenties

 

Weston Wilson (« dénonciateur » de l’EPA) : « On peut dire que toute l’industrie du [gaz naturel], depuis cent ans, achète ceux qu’elle contamine ». (33:36)

 

M. Wilson, officiant actuellement au bureau de l’EPA de Denver, ne faisait pas partie de l’équipe de scientifiques et d’ingénieurs qui ont passé presque cinq ans à étudier la fracturation hydraulique pour l’EPA. Cet effort déployé sous la forme d’une étude historique réalisée en 2004 par l’agence, n’a révélé « aucune preuve » suggérant une quelconque relation entre la fracturation hydraulique et la contamination de l’eau potable.

 

Wilson est bien connu pour son opposition agressive au développement responsable des ressources et de l’exploitation minière. Tout au long de ses 35 ans de carrière, M. Wilson a invoqué son statut de « dénonciateur » pour lutter contre la construction de barrages dans l’état du Colorado, contre le développement pétrolier et gazier dans l’état du Montana et contre l’exploitation aurifère dans l’état du Wyoming.

 

Wilson selon ses propres mots : « Le public américain serait choqué d’apprendre que nous générons des résultats à six chiffres et que, en gros, nous restons là et nous ne faisons rien ».

 

Dunkard Creek : Fox présente des images de poissons morts disséminés sur plus de 55 km au bord de Dunkard Creek à Washington Co., Pa.  et attribue ce phénomène au développement du gaz naturel. (01:23:15)

 

La tentative de Fox de rendre l’exploration du gaz naturel responsable de l’incident de Dunkard Creek est contredite par un rapport de l’EPA – publié bien avant la sortie de GasLand – qui a attribué la destruction des poissons à une prolifération d’algues qui a été elle-même causée par des rejets provenant des mines de charbon.

 

Rapport de l’EPA : « Compte tenu de ce qui a été vu dans d’autres états et de l’origine de cette destruction, nous pensons que la toxine de ces algues a causé la destruction des poissons, des moules et des salamandres sur Dunkard Creek. […] La situation à Dunkard Creek devrait être considérée comme une exposition chronique car les niveaux de chlorure se sont élevés au-dessus des critères pendant de longues périodes de temps ». (publié le 23/11/09)

 

Un journal local de Pennsylvanie interpelle Fox : « Suggérer que le forage de gaz a abouti à la destruction des poissons en septembre à Dunkard Creek dans le comté de Greene est une erreur flagrante de votre documentaire. Il a été déterminé que ce phénomène a été causé par une prolifération d’algues dorées due aux eaux de mine provenant d’un rejet [minier] ». (Washington (Pa.) Observer-Reporter, 6/5/10)

 

Mike Markham : Fox attribue l’inflammabilité de l’eau du robinet à Fort Lupton, Colo. au développement du gaz naturel.

 

Mais ceci n’est pas vrai d’après la Colorado Oil & Gas Conservation Commission (COGCC). « Le méthane dissous dans l’eau des puits semble être d’origine biogénique [qui se produit naturellement]. […] Il n’existe aucune indication des impacts liés au pétrole et au gaz sur le puits d’eau ». (Plainte réglée le 30/09/08 et signée par John Axelson de la COGCC)

 

Contexte donné par nos amis de ProPublica : « L’eau potable contenant du méthane, le plus grand composant du gaz naturel, n’est pas nécessairement nocive. Le gaz lui-même n’est pas toxique – l’agence de protection de l’environnement (EPA) ne le réglemente pas – et il s’échappe de l’eau rapidement, comme les bulles d’une boisson gazeuse ». (Abrahm Lustgarten, ProPublica, 22/4/09)

 

Lisa Bracken : Fox attribue l’existence de méthane à West Divide Creek, Colo. au développement du gaz naturel.

 

Cette assertion a également été discréditée par la COGCC qui a visité le site à six reprises pendant 13 mois pour confirmer ses conclusions : « Isotopes stables de 2007 en cohérence avec les échantillons de 2004 dénonçant le fait que le bullage dans les eaux de surface est d’origine biogénique ». (Juillet 2009, présentation de la COGCC par Margaret Ash, responsable de la protection environnementale)

 

Courrier électronique du superviseur de la COGCC adressé à Bracken : « Lisa : Comme vous le savez, depuis 2004, le personnel de la COGCC a répondu à vos préoccupations sur la pénétration potentielle du gaz le long de West Divide Creek dans votre propriété et à ce jour, nous n’avons trouvé aucune indication montrant que la pénétration que vous avez observée est liée à l’activité pétrolière et gazière ». (Courrier électronique de Debbie Baldwin de la COGCC adressé à Bracken, 30/06/08)

 

Un autre extrait de ce courrier électronique : « Ces échantillons ont été analysés pour contrôler un ensemble de paramètres parmi lesquels les composés du gaz naturel (méthane, éthane, propane, butane, pentane, hexanes), des composés d’hydrocarbure plus lourds y compris le benzène, le toluène, l’éthylbenzène, les xylènes (BTEX), les isotopes stables du méthane, les bactéries (celles liées au fer, celles réductrices de sulfates et les myxobactéries), les anions et cations majeurs et autres tests sur le terrain et en laboratoire. À ce jour, les composés BTEX n’ont été détectés sur aucun des échantillons ».

 

Calvin Tillman : Fox a interviewé le maire de DISH, Texas et a attribué la présence de toxines dans l’air et de benzène dans le sang au développement du gaz naturel.

 

Tillman dans la presse : « Il y a six mois, personne ne savait que des installations comme celle-ci rejetteraient du benzène. Quelqu’un pourrait arriver ici, nous regarder et dire « Vous savez quoi ? Ils vous ont sacrifiés. Vous avez été sacrifiés au profit du schiste ». (Scientific American, 30/3/10)

 

Environ un mois plus tard, le département texan des services sanitaires de l’état discrédite cette allégation : « Les résultats des tests biologiques tirés de l’enquête de ce département menée à Dish au Texas indiquent que l’exposition des habitants à certains contaminants n’était pas plus élevée que celle de la population américaine en général ». (Rapport DSHS, 12 mai 2010)

 

Des informations supplémentaires de la part de l’agence : « Le DSHS a porté une attention particulière sur le benzène du fait de son association avec les puits de gaz naturel. Les seuls habitants qui ont eu des concentrations de benzène plus élevées dans leur sang étaient les fumeurs. Comme la fumée de cigarette contient du benzène, le fait d’en trouver dans le sang des fumeurs n’est pas anormal ».

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