Le personnel hospitalier manifeste depuis plusieurs mois et tout cela donne l’impression que tout l’hôpital est sous pression. Mais quand on écoute ceux qui connaissent un peu les choses, c’est loin d’être le cas…
Il y a bien sûr des personnels très sollicités comme ceux affectés aux urgences, aux patients en fin de vie ou aux opérations de chirurgie lourde. Mais il y a aussi tous ces administratifs qui représentent en moyenne 34% des effectifs des hôpitaux. Pour un hôpital de 2000 employés, cela représente 680 personnes, soit un administratif pour deux soignants ! C’est là le vrai problème de l’hôpital !
Mais il y a aussi tous les autres dysfonctionnements plus particuliers. Prenons l’exemple des services psychiatriques dont les acteurs – médecins et infirmières – se plaignent et sont en grève. Bien sûr ce n’est pas facile de vivre au milieu de patients souffrants de troubles psychologiques. Mais les revendications des soignants sont loin de l’expérience vécues par les proches des patients.
Voici le récit d’une expérience vécue dans un service psychiatrique d’un grand hôpital français.
L’hôpital est récent, les locaux sont modernes et il n’y a donc pas de problème de vétusté des infrastructures. Le service de psychiatrie comporte 30 chambres, un médecin psychiatre avec un assistant, cinq infirmiers et infirmières et deux femmes de service.
Lorsque les familles arrivent dans le service vers 14H, c’est le désert… Seules les femmes de service déambulent avec leurs chariots de nettoyage… Les patients sont dans leurs chambres ou dorment devant la télévision, comme pendant presque toute la journée.
Le psychiatre reçoit les patients 20 minutes par semaine et quand les familles s’étonnent de ce peu d’écoute il répond qu’il n’est pas un psychologue. Mais il n’y a pas de psychologue dans le service…. En fait le psychiatre ne fait à peu près rien sauf prescrire des pilules en fonction de l’aspect du patient et des analyses de sang effectuées.
Et ne cherchez pas les infirmières auprès des patients. Elles sont la plupart du temps dans leur local de service en train de papoter ou de manger. Il faut frapper deux ou trois fois à la porte pour attirer leur attention et dès que vous ouvrez la porte vous sentez que vous les dérangez. Le principal travail des infirmières consiste à donner les pilules prescrites par le psychiatre matin et soir et à coucher sur un registre ces activités au combien pénibles….
Comme distraction les patients ont accès à une machine à café installée en libre en service dans le couloir … ce qui n’est pas forcément favorable à leur calme… Et quand un des patients perd son contrôle, on augmente rapidement la dose de pilules et on attend que ça passe.
Tout ce qui est décrit ci-dessus est une expérience vécue par un proche d’une personne hospitalisée pendant plus de trois mois dans un service de psychiatrie. Tout ceci n’est qu’une pâle copie de la médecine. L’administratif prend le pas sur le médical pour une grande partie du personnel hospitalier et la procédure passe avant les soins et le bien être des patients.
La description précédente est peut-être un peu abrupte mais il serait urgent de mener un véritable audit des services de l’hôpital public car une grande partie de son activité est inutile et résulte de sa désorganisation et de sa bureaucratie.
Aujourd’hui tout l’hôpital revendique en s’abritant derrière le problème des services d’urgence alors la racine du mal est la désorganisation des services et que mettre un patch salarial pour tout le personnel – comme le réclament les syndicats – ne résoudra rien.
CLUB DANTON