Hulot, Duflot, de Rugy et tous les écolos ont ma même vision : celle d’un monde nouveau où le vélo remplace la voiture ; où l’on produit moins ; où l’on se chauffe peu ; où l’on mange moins ; où l’on consomme moins d’énergie ; où l’on recycle tout ; où l’on vit dans de petites communautés autonomes et indépendantes.
Utopie, disent certains. Pas du tout. Un tel monde est possible. La preuve : il a existé, en France, dans les années 1940-1950. La vie économique et sociale de la France de l’occupation allemande (et par extension des années qui ont suivi) coche toutes les cases du programme des écolos
Peu d’énergie – La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas : ce slogan d’aujourd’hui était mis en œuvre durant l’occupation d’hier. La consommation d’électricité par habitant était vingt fois moindre qu’aujourd’hui. Le chauffage en particulier était très limité. Les logements étaient beaucoup plus petits que ceux que nous connaissons. Très peu d’entre eux étaient équipés de baignoires ou de douches. Ils étaient peu ou pas chauffés. On se lavait à l’eau froide et on avait des engelures tous les hivers. C’était le bon temps.
Peu de transport – Mme Hidalgo en rêve, Pétain l’a fait : plus de voitures dans les rues, des vélos partout. Automobiles et camions, qui n’étaient déjà guère nombreux avant la guerre, avaient été largement réquisitionnés par l’occupant. De toutes façons, le combustible était rare, rationné, principalement réservé aux Allemands. Le gazogène était un ersatz bien incapable de pallier ce manque de carburant. C’était le bon temps.
Peu de commerce – La propagande écolo met fortement l’accent sur les « circuits courts ». Elle se méfie de l’échange, surtout international, présenté comme « inégal » et polluant. Dans les années quarante, peu ou pas d’échanges lointains. La rareté des transports, la fermeture des frontières, la coupure de la France en deux zones, entraînent des « circuits courts ». Les mieux lotis allait à vélo à la ferme amie acheter du lait, parfois du beurre, plus rarement un jambon. Il y avait une exception : les trains qui livraient à l’Allemagne une partie importante de notre production industrielle (50% pour certains produits stratégiques) et agricole (20% de la viande). C’était le bon temps.
Peu de production – La production, surtout agricole, est la bête noire des écolos, comme en témoignent les tensions constantes entre ministres de l’Agriculture et de l’Environnement. Dans les années quarante, la production agricole répondait pleinement aux volontés de nos écolos modernes : pas de mécanisation (les tracteurs n’apparaissent qu’après la guerre), peu ou pas d’engrais et d’insecticides (l’industrie était mobilisée, c’est le mot propre, pour d’autres productions). Une agriculture non-intensive à coup sûr. Les rendements étaient faibles. Pour le blé, le rendement à l’hectare, qui était d’environ 16 quintaux avant la guerre, descend à 12 quintaux en 1944 (il est d’environ 64 quintaux aujourd’hui). C’était le bon temps.
Peu de consommation – Les écolos militent pour la fin, ou à tout le moins une forte réduction, de la consommation de viande, coupable d’engendrer des rejets de CO2. Des tickets de rationnement pour l’achat des produits alimentaires furent introduits dès 1940. Les rations de viande diminuèrent rapidement pour atteindre 120 grammes/semaine/adulte en 1943. De plus, les boucheries n’étaient souvent pas approvisionnées pour honorer ces rations – même si le marché noir permettait aux plus riches de contourner ces restrictions. En gros, pour la viande, les pommes de terre ou le lait, la consommation par habitant était en 1944 la moitié de ce qu’elle était en 1938, qui était elle-même bien inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui. Tous végétariens, bon gré, mal gré. C’était le bon temps.
On pourrait encore parler du recyclage, qui était une priorité, et une pratique, de l’époque. Mais ce qui précède suffit à montrer que la période de l’occupation a été un véritable paradis écologique. Nos rejets de CO2 et notre « empreinte écologique » étaient alors exemplaires. Le « jour du dépassement » n’intervenait pas le 2 août (comme cette année), mais beaucoup plus tard, sans doute même l’année suivante. C’était le bon temps.